Les études africaines désignent aujourd’hui un vaste champ d’enseignement et de recherche au sein duquel cohabitent plusieurs programmes et paradigmes forgés de part et d’autre de l’Atlantique. S’il est vrai que l’institutionnalisation du champ est à situer aux États-Unis, les efforts déployés par une génération d’intellectuels et militants noirs – W. E. B. Du Bois, Kwame Nkrumah, John Henrik Clarke – sont manifestement occultés dans les débats sur les origines et les articulations des études africaines. Dans cette présentation, il n’est pas question de dresser une généalogie des études africaines à partir des premiers travaux anthropologiques et historiques constitutifs de la « bibliothèque coloniale » (Mudimbe, 1988) ou de la tradition encore dominante inaugurée par Melville Herskovits. Elle s’intéresse plutôt à quelques initiatives militantes qui se sont développées parallèlement et au-delà des congrès panafricains. L’exercice consiste en outre à démontrer que les études africaines et les études afro-américaines (entre autres nomenclatures) sont parties intégrantes de la longue tradition intellectuelle panafricaine et que des logiques institutionnelles et disciplinaires ont contribué à desceller cette généalogie.