LA MORT : TENSION ENTRE INTEGRATION D’UN DEPART ET ELABORATION D’UN SOUVENIR

LA MORT : TENSION ENTRE INTEGRATION D’UN DEPART ET ELABORATION D’UN SOUVENIR

La mort bouleverse le tissu social et met l’homme face à lui-même dans un déchirement qui place tout à l’envers. Elle rend l’existence terrible et effarante et le saisissement de l’effroi que génère l’idée de finitude chez l’homme est un indice explicatif de cet état de fait. L’homme a peur et refuse de se l’avouer, pour ne pas reconnaitre son échec. Cet échec rendu tangible par la disparition de l’autre, de l’ami, de l’aimé. Ainsi, la situation-limite qu’est la mort ne pousse toutefois pas l’homme à s’avouer vaincu. Il déploie toute une gamme de réponses à travers des représentations et des discours pour domestiquer la mort.

En contexte négro-africain, le monde des vivants et celui des morts ont une différence de qualité et non une altérité irréductible. Une telle lecture est autorisée par le recours que les uns et les autres se font de part et d’autre de l’existence. A travers des pratiques cérémonielles, culturellement codifiées, les vivants instaurent un pont de communication avec les disparus. A l’inverse, de par le rêve, des disparus semblent transmettre leurs souhaits aux vivants pour pouvoir s’assurer un séjour paisible post mortem. Cette conception est en train de céder le pas face aux impératifs d’une civilisation que nous pouvons appeler post-mortelle. C’est dans cette perspective qu’une analyse critique de la signification du deuil et de la portée des souvenirs du défunt s’impose, à la lumière du contexte actuel d’une société en profonde mutation.

Mots-clés : Mort, deuil, souvenir, représentation, négro-africain